04/04/2022
Aujourd'hui, l'inégalité entre les sexes en Afrique continue de faire stagner le progrès social, les femmes étant toujours sous-représentées à tous les niveaux du pouvoir juridique, économique et politique.
Mais une nouvelle initiative demande activement des comptes aux gouvernements et aux institutions, gagnant des partisans et un élan dans la lutte pour l'égalité, et l'équité, pour les femmes en Afrique.
Lancée en février 2019, la stratégie de l'Union africaine (UA) sur l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes (ESAF) est une politique de genre inclusive et multisectorielle pour l'Afrique.
L'UA vise à atténuer, voire à éliminer, les principales contraintes qui entravent l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes, afin qu'elles puissent participer pleinement aux activités économiques, aux affaires politiques et aux entreprises sociales.
La stratégie repose sur quatre piliers, chacun d'entre eux définissant des résultats spécifiques, des activités proposées et des critères de référence.
Le premier pilier est axé sur l'optimisation des opportunités, des résultats et de l'exploitation des avantages des nouvelles technologies. En substance, l'initiative affirme que pour que les femmes soient économiquement autonomes et puissent contribuer efficacement au développement durable, elles doivent avoir accès à une éducation de qualité et contrôler les ressources productives.
La stratégie ESAF propose une campagne continentale visant à déclarer "l'analphabétisme comme une pratique traditionnelle néfaste et à faire de l'absence d'école un délit punissable". Elle appelle également à un financement substantiel des start-ups et des centres d'innovation qui promeuvent des solutions sexospécifiques et augmentent la participation égale et effective des femmes et des filles dans le domaine de la technologie.
Le deuxième pilier énonce des propositions visant à aider les femmes et les filles à avoir une dignité, une sécurité et une int égrité physique et psychologique. La violence à l'égard des femmes et les pratiques telles que le mariage précoce des enfants et les mutilations génitales féminines sont encore très répandues en Afrique.
La stratégie ESAF propose de mettre en œuvre les directives de l'UA pour mettre fin à la violence contre les femmes et les filles (VCFF) et de financer des projets nationaux pour pénaliser les pratiques de VCFF. Parmi les récentes réussites, on peut citer le recrutement de chauffeurs de moto-taxi en Guinée, qui sont devenus les yeux et les oreilles de la communauté pendant le confinement, en gardant un œil vigilant sur les femmes en danger.
Bien que l'Afrique ait fait des progrès en matière de lois et de politiques progressistes et d'institutions visant à promouvoir et à protéger les droits de la femme, le troisième pilier cible l'énorme déficit en matière de concrétisation effective.
En 2016, la Somalie a franchi une étape importante avec près d'un quart des sièges parlementaires occupés par des femmes. Soutenues par l'ESAF, de nombreuses nations africaines demandent qu'un quota de 30 % des sièges législatifs soit réservé aux femmes lors des élections à venir.
Le dernier pilier concerne le leadership, la voix et la visibilité, et reconnaît que pour que les femmes aient leur mot à dire, elles doivent être représentées de manière égale dans tous les aspects de la prise de décision. Ce point est particulièrement pertinent lorsqu'il s'agit de femmes qui s'élèvent contre l'oppression et défendent l'égalité et l'avenir de l'Afrique.